Mamadou, quel est votre parcours et comment êtes-vous arrivé à la Mission Locale ?
De nationalité guinéenne, je suis arrivé en France en tant que réfugié politique en février 2018. J’ai obtenu mon titre de séjour en 2019. C’est l’association Joly de Saint-Maur qui m’a orienté vers la Mission Locale de Maisons-Alfort en 2019.
Comment la Mission Locale vous a aidé ?
Ma conseillère m’a d’abord posé des questions sur ma situation et sur ce que je souhaitais faire. A ce moment, je n’avais pas de logement, pas d’argent et personne vers qui me tourner. Au vu de ma situation, ma conseillère m’a donné rendez-vous avec une conseillère logement de la Mission Locale. Malheureusement, sans emploi, je ne pouvais pas bénéficier d’une chambre en foyer.
J’ai donc réussi à trouver des petits boulots à Paris dans le nettoyage en restauration. En parallèle, je devais suivre la formation d’intégration pour apprendre à lire et écrire en français. Cette formation est délivrée par l’OFII
(ndlr : Office Français de l’Immigration et de l’Intégration) elle est obligatoire pour toute personne qui vient de recevoir ses papiers.
C’était compliqué de faire tout en même temps mais je n’avais pas le choix, et j’étais très motivé. Je suivais la formation en journée de 9h à 17h, puis je travaillais dans un premier endroit de 1h jusqu’à 5h du matin, et dans un autre, de 6h à 9h. Je n’avais pas le temps de me reposer, mais il fallait gagner de l’argent pour me nourrir. Pendant cette période, je dormais toujours dehors et aujourd’hui je suis très reconnaissant aux associations et aux personnes qui m’apportaient de la nourriture, ça m’a aidé à tenir, notamment lorsqu’il faisait froid.
A cause de cette situation et de la fatigue, je suis tombé malade.
Je suis retourné à la Mission Locale à ce moment-là, début 2020. Ma conseillère logement a fait une demande pour une place au Foyer Jeunes travailleurs.
En attendant la réponse, j’ai pu bénéficier de nuitées d’hôtel financées par la Mission Locale et le Fonds d’Aide aux jeunes. En février 2020, j’ai été accepté au Foyer Jeunes Travailleurs. Pourtant ma situation financière restait fragile : je ne gagnais que 600€ mais j’étais heureux d’avoir un toit.
En mars le confinement est arrivé, et mon patron me mettait la pression car je ne pouvais pas retourner travailler en étant malade. C’est quelque chose que je comprenais mais ma santé ne me le permettait plus. L’employeur a décidé
de me licencier. J’étais très inquiet, car j’avais peur de devoir quitter le foyer, n’ayant plus de ressources.
Grâce à la Mission Locale j’ai pu être aidé sur le plan social pendant toute cette période difficile.
Au déconfinement, j’imagine que vous deviez chercher un emploi pour rester au foyer, comment ça s’est passé ?
Oui, je devais absolument trouver un emploi rapidement.
Pour cela, j’ai rencontré une conseillère emploi à la Mission Locale. On a cherché ensemble intensivement un emploi. J’ai eu beaucoup d’entretiens mais ça ne marchait pas. Je me posais beaucoup de questions. “Était-ce moi le problème? Pourquoi je n’arrivais pas à décrocher un emploi?” Les entretiens étaient parfois compliqués car j’avais du mal à bien parler français.
La Mission Locale m’a orienté vers une association à Créteil pour prendre des cours du soir deux fois par semaine, pour améliorer mon français.
J’étais parfois découragé mais j’ai tenu bon. Ma conseillère, elle, ne s’est pas découragée et continuait à m’appeler lorsqu’elle pensait qu’il y avait une opportunité d’emploi.
Un jour, elle a décroché un entretien pour moi avec la Mairie de Maisons-Alfort. La Mairie recrutait un agent d’entretien et de surveillance des équipements sportifs de la ville. J’ai passé 3 entretiens. C’était difficile mais j’ai été accepté. Nous étions tous très contents et j’essaie aujourd’hui de faire le maximum pour que tout se passe bien. Je souhaite être à la hauteur de la confiance que l’on m’a donnée ici à la Mission Locale.
Qu’est-ce que vous faîtes aujourd’hui ?
Je travaille à ce poste pour la mairie depuis le 1er juin 2021.
Le matin, je fais le ménage, j’aide à l’installation du matériel sportif, l’après-midi et le soir, je suis à l’accueil, je surveille les lieux, le matériel, les allers et venues des associations sportives. Je suis très chanceux d’avoir ce travail. L’équipe qui m’entoure est vraiment super. Je me suis bien intégré et le directeur est content de moi.
Avez-vous d’autres projets ? Comment vous voyez-vous dans les années à venir ?
Un jour, j’aimerais pouvoir rentrer définitivement en Guinée. Je n’y suis pas allé depuis trois ans. Là bas, j’ai ma femme et ma fille, mes amis et toute ma vie.
La Guinée est un pays que j’aime beaucoup malgré la situation politique qui est très difficile. J’ai eu beaucoup de chance que la France me protège quand je suis parti de Guinée. Je sais que beaucoup de personnes n’ont pas eu cette chance. Cependant, j’aimerais pouvoir retrouver mes racines.
Mamadou, est-ce que vous voulez dire quelque chose pour les jeunes qui viennent à la Mission Locale ?
Les conseils que je pourrais leur donner c’est de ne jamais baisser les bras quelque soit la situation, essayer de rester courageux, et avoir confiance en eux. J’aimerais aussi dire qu’il est important de savoir vivre ensemble, de toujours se respecter mais aussi de respecter les autres.
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